

5 – 13 février 2018
EHESS Paris
Notre vision de la pratique pénale à l’époque moderne est toujours profondément marquée par les peines capitales et les supplices, effectués publiquement en ayant recours à une mise en scène méticuleuse de l’effroi. Mais ces sanctions ne représentaient qu’une infime partie de l’arsenal pénal moderne. Beaucoup plus importantes, du moins d’un point de vue quantitatif, furent des peines qui, pour déployer leurs effets d’exclusion, avaient recours à l’espace, sous des formes spécifiques dans les différentes régions européennes : bannissement (urbain et territorial) dans le Saint-Empire, en France ou en Italie envoi aux galères dans l’espace méditerranéen, déportation vers l’outre-mer par les puissances coloniales
(ou vers la Sibérie en Russie). Ce cours s’appuiera principalement sur une comparaison franco-allemande, mais ne s’interdira pas de faire des incursions dans d’autres espaces européens et extra-européens. Il permettra ainsi de se familiariser avec les caractéristiques de ces peines, tout en proposant une réflexion sur le rapport entre espaces et pratiques pénales qui combinera des approches d’histoire spatiale, de la justice pénale et des migrations modernes, et retracera l’évolution de la transformation des peines jusqu’à la – longue – naissance de la prison.
Conférence 1 (avec traduction simultanée):
La justice pénale de l’Ancien régime : institutions et pratiques en France et en Allemagne
Conférence 2 (avec traduction simultanée) :
Une sanction entre exclusion et réintégration : le bannissement dans le Saint-Empire germanique
Séminaire 1 (sans traduction simultanée) :
Les sources pour l’histoire de la justice pénale moderne
Conférence 3 (avec traduction simultanée) :
Travail forcé et exclusion spatiale : la peine des galères et la déportation vers l’outre-mer
Conférence 4 (avec traduction simultanée) :
La longue naissance de la prison
Séminaire 2 (sans traduction simultanée) :
L’espace de la peine : rituels pénaux et leur inscription spatiale
Séminaire 3 (sans traduction simultanée) :
Vies de bannis et de galériens
Séminaire 4 (sans traduction simultanée) :
La vie quotidienne dans l’enfermement
Né en Allemagne de l’est, Falk Bretschneider a préparé une thèse en co-tutelle à l’EHESS Paris et à l’Université technique de Dresde, soutenue en 2005 et publiée en 2008 sous le titre : Gefangene Gesellschaft. Eine Geschichte
der Einsperrung in Sachsen vom 18. bis zum 19. Jahrhundert, Constance, UVK. Il a travaillé comme lecteur d’allemand, a développé un important programme d’encadrement doctoral comme lecteur DAAD au Centre
interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA) et a été élu Maître de conférences à l’EHESS Paris en 2008. Depuis il continue de s’intéresser à l’histoire carcérale (« ‘Unzucht im Zuchthaus’.
Sexualité, violence et comportements sociaux dans les institutions d’enfermement au XVIIIe siècle », Francia. Forschungen zur westeuropäischen Geschichte 38/2011, p. 77-92), par exemple en co-dirigeant un projet d’histoire
comparative entre enfermements monastiques et carcéraux (dir., avec Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat et Elisabeth Lusset, Enfermements II. Règles et dérèglements en milieu clos (IVe-XIXe siècle), Paris, Publications
de la Sorbonne, 2015), mais surtout en étudiant une autre pratique pénale particulière, le bannissement, dans un contexte spécifique, le Saint-Empire germanique à l’époque moderne, une structure politique se distinguant
notamment par sa fragmentation spatiale. Il essaie donc de lier l’histoire de la justice pénale à une histoire des pratiques spatiales, tout en apportant un nouvel regard sur l’histoire impériale (dir., avec Guillaume Garner et
Pierre Monnet, « Le Saint-Empire à l’époque moderne/Das Alte Reich in der Frühen Neuzeit » = Trivium. Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales 14/2013, en ligne : http://trivium.revues.org/4503).
Il est en outre directeur adjoint du Pôle International de la Fondation Maison des sciences de l’homme.